TRAVAIL SOCIAL
Le tableau noir de la formation
Depuis 2006,
aucune institution ne forme les Assistants sociaux au Cameroun
Le décret du n°2006/302 du 21 septembre
2006, portant création de l’Institut national du travail social (Ints) avait
été accueilli en son temps avec beaucoup d’optimisme par les travailleurs
sociaux. Mais sa signature a aussi coïncidé avec la sortie de la dernière cuvée
des Assistants principaux des affaires sociales diplômés de l’Ecole nationale
des assistants des affaires sociales (Enaas) alors que quelques années plus
tôt, le cycle des Inspecteurs des affaires sociales était fermé à l’Ecole
Nationale d’Administration et de magistrature (Enam). Et depuis lors, le corps
des personnels chargés de la prise en charge des populations défavorisées et de
l’inadaptation sociale a cessé de se régénéré. Alors même que des phénomènes
sociaux nouveaux émergent, tandis que d’autres connaissent une recrudescence à
l’instar de celui des enfants de la rue ou des nouveau-nés abandonnés.
Au ministère des Affaires Sociales, les
responsables chargés de la formation à la Direction des affaires générales
(Dag) sont très peu diserts et circonspects sur la question. « Nous n’avons rien à vous dire…»
nous a-t-on répondu. Pourtant, même dans ce département ministériel, les
travailleurs sociaux en service se plaignent de n’avoir jamais bénéficié d’un
recyclage, encore moins de formation continue, même si le Statut général de la Fonction publique
camerounaise stipule en son article 32 relatif au droit à la formation
permanente que « En vue d’accroître ses performances, son
efficacité et son rendement professionnels,
l’Etat assure au fonctionnaire au cours de son activité, une formation permanente dont le régime est fixé
par décret du Premier Ministre. »
INSTITUT NATIONAL DU TRAVAIL SOCIAL
Selon les promoteurs du projet
d’opérationnalisation de l’institut national du travail social
(ints), L’Enaas ne répondant plus à toutes les attentes des acteurs du
développement social en matière de formation, l’Institut National du Travail
Social a été créé par décret du Président de la république n°2006/302 du 21
septembre 2006. En plus d’améliorer l’offre de formation, la création de l’Ints
apparaît comme un symbole fort de la nouvelle option du gouvernement de
multiplier les angles d’attaques pour faire reculer la précarité et
l’exclusion. Mais alors que l’on attend toujours le texte d’application du
cadre juridique de création, de même que la nomination du Président du Conseil
d’administration et du directeur général de cette nouvelle école, une descente
sur le site de construction du campus de l’Ints au quartier Nyom II à Yaoundé
offre le spectacle désolant d’un chantier à l’abandon, envahi par les
broussailles.
Approchée, Hermine Eba Mbarga, l’ex
directeur de l’Enaas, qui assure la permanence administrative dans les locaux
de l’ancienne école située rue Ceper à Yaoundé, affirme qu’elle attend elle
aussi que les choses bougent. Tout son personnel étant en congé technique de
fait, depuis 6 ans.
Pour mémoire, en 1966, l’Ecole fédérale
des éducateurs et assistants sociaux (Efeas) a été créée et inaugurée le 18
juin 1967 à Bétamba avec la mission principale d’assurer la formation
professionnelle des éducateurs et Assistants sociaux spécialisés en matière de
protection de l’enfance, de l’individu et de la famille et des préventions et
traitements de l’inadaptation juvénile et sociale. 13 ans plus tard, le décret
n°80/199 du 09 juin 1980 crée l’Ecole nationale des assistants des affaires
sociales (Enaas) de Yaoundé.
L’Enaas a joué son rôle. L’école a formé
des générations de professionnels du travail social (y compris de nombreux
étrangers), qui, avec leur diplôme de sortie (diplôme d’état), ont pu être
promus à des postes de responsabilité importants leur permettant d’apporter
leur expertise dans le domaine de l’action sociale dans notre pays.
Aujourd’hui, le contexte a évolué, l’appui aux personnes vulnérables commande
que l’établissement dédié à la formation des professionnels du travail social
soit investi d’une double mission de formation professionnelle initiale et
supérieure en travail social afin de relever, mieux que par le passé , les
nombreux défis d’un environnement en pleine mutation.
Mais en attendant, la formation est à
l’arrêt total. Aucune institution, publique ou privée, ne formant les
professionnels du Social. Pour combien de temps encore ? Wait and see.
Oumarou Papa
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire