MARIE MADELEINE
MBORANTSUO
« L’urgence pour nous est de voir la biométrie
être appliquée »
En marge des travaux de célébration du
20ème anniversaire de l’institution dont elle a la charge, la
Présidente de la Cour constitutionnelle du Gabon revient sur les faits d’arme
et les défis futurs qui interpellent la haute juridiction.
L’institution
dont vous avez la charge célèbre ses 20 ans d’existence ce jour. Sous quel
angle placez-vous cet anniversaire ?
Marie Madeleine Mborantsuo |
Pour les membres de la Cour
constitutionnelle, ce sont des journées mémorables. Vingt ans est un âge
intermédiaire entre le statut de d’enfant et celui de jeune mature. En tat que
présidente de cette institution depuis sa création, je ne peux qu’être fière de
ce que j’ai essayé de lui apporter. C’est
donc dans un esprit de joie que j’entreprends cette démarche qui
consiste à rendre un hommage mérité aux pionniers de la justice gabonaise et
aux hommes et femmes qui ont donné leur savoir-faire pour que cette juridiction
vive réellement.
Quel
bilan pouvez-vous faire, vingt ans après ?
Il y’a beaucoup à retenir sur les 20
années d’existence de la Cour constitutionnelle du Gabon. Elle a non seulement
accompagné notre pays (le Gabon) dans le chemin, très difficile, de la
réinstauration du multipartisme, mais aussi assuré son rôle d’arbitrage du jeu
démocratique tout en veillant au fonctionnement régulier des autres
institutions créées par les lois. Elle a permis de réguler les pouvoirs publics
en veillant à ce que le principe de la séparation des pouvoirs soit respecté.
Elle a eu à vérifier les textes réglementant le fonctionnement des autres
institutions républicaines et à vérifier la conformité à la loi fondamentale,
aux règlements des autres institutions de la république telles que le Sénat,
l’Assemblée nationale, le Conseil national de la Communication et le Conseil
économique et social. Les traités et accords internationaux n’ont pas échappé
au contrôle de la Cour constitutionnelle. Dans le domaine du fonctionnement
régulier des institutions de la République, la Cour constitutionnelle a eu à gérer non seulement certaines
transitions au niveau supérieur à la Présidence de la République, mais
également au niveau du Parlement, des conseils départementaux et municipaux.
Elle est devenue incontournable au fil des ans, au point d’être l’arbitre lors
des contentieux électoraux opposant les acteurs politiques de la majorité et de
l’opposition.
Quelles
sont les perspectives de l’institution que vous présidez ?
Les perspectives c’est de voir
concrétiser dans les tous prochains jours la biométrie dans l’élaboration du
fichier électoral parce que cette question relative à l’organisation des
élections transparentes dans notre pays est toujours d’actualité. Et nous
pensons que la mise en œuvre de la biométrie viendrait peut-être réduire le
nombre de contestations qui naissent souvent à la suite des consultations
électorales. L’urgence pour nous est de voir la biométrie être appliquée.
Ensuite nous souhaitons aussi que le constituant puisse un jour revenir sur les
modalités de désignation des membres de la Cour constitutionnelle afin de
permettre une continuité de l’esprit de l’institution en faisant en sorte que
les 9 membres ne soient pas tous nommés le même jour. Un autre souhait, c’est
de voir mes compatriotes qui s’engagent en politique prendre le temps
d’intégrer en eux les dispositions législatives qui régissent le fonctionnement
des institutions de la République, l’exercice de la souveraineté nationale,
l’organisation des élections. A ce niveau précis on a l’impression qu’en dehors
du fait qu’ils sachent aller déposer leurs candidatures à la Commission
électorale nationale autonome et permanente, le reste est ignoré par un grand
nombre.
Quels
sont les faits dont votre institution peut être fière au-delà du Gabon ?
Mathieu Meyeme, détente en bordure de mer |
La création de l’association des cours
constitutionnelles ayant en partage la langue française est une idée de la
haute juridiction gabonaise. C’est aussi le Gabon qui, à l’occasion d’une
visite du Président du Conseil constitutionnel français Roland Dumas, suggérera
la création de cette instance internationale au sein de laquelle les
juridictions constitutionnelles allaient échanger, partager leurs expériences,
essayer d’encadrer les jeunes juges. Sur le plan international et dans
plusieurs pays, quand il y a des élections, la Francophonie nous saisit pour
nous demander de dépêcher des délégués pour aller, ,on seulement encadrer les
autres juges sur place, mais également s’assurer du bon déroulement des
élections.
Entretien à Libreville avec Mathieu
Meyeme
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