jeudi 3 janvier 2013

La situation des TS au Cameroun



TRAVAIL SOCIAL

Le tableau noir de la formation

Depuis 2006, aucune institution ne forme les Assistants sociaux au Cameroun

Le décret du n°2006/302 du 21 septembre 2006, portant création de l’Institut national du travail social (Ints) avait été accueilli en son temps avec beaucoup d’optimisme par les travailleurs sociaux. Mais sa signature a aussi coïncidé avec la sortie de la dernière cuvée des Assistants principaux des affaires sociales diplômés de l’Ecole nationale des assistants des affaires sociales (Enaas) alors que quelques années plus tôt, le cycle des Inspecteurs des affaires sociales était fermé à l’Ecole Nationale d’Administration et de magistrature (Enam). Et depuis lors, le corps des personnels chargés de la prise en charge des populations défavorisées et de l’inadaptation sociale a cessé de se régénéré. Alors même que des phénomènes sociaux nouveaux émergent, tandis que d’autres connaissent une recrudescence à l’instar de celui des enfants de la rue ou des nouveau-nés abandonnés.
Au ministère des Affaires Sociales, les responsables chargés de la formation à la Direction des affaires générales (Dag) sont très peu diserts et circonspects sur la question. « Nous n’avons rien à vous dire…» nous a-t-on répondu. Pourtant, même dans ce département ministériel, les travailleurs sociaux en service se plaignent de n’avoir jamais bénéficié d’un recyclage, encore moins de formation continue, même si le Statut général de la Fonction publique camerounaise stipule en son article 32 relatif au droit à la formation permanente que « En vue d’accroître ses performances, son efficacité et son rendement professionnels, l’Etat assure au fonctionnaire au cours de son activité, une formation permanente dont le régime est fixé par décret du Premier Ministre. »

INSTITUT NATIONAL DU TRAVAIL SOCIAL
Selon les promoteurs du projet d’opérationnalisation de l’institut national du travail social (ints), L’Enaas ne répondant plus à toutes les attentes des acteurs du développement social en matière de formation, l’Institut National du Travail Social a été créé par décret du Président de la république n°2006/302 du 21 septembre 2006. En plus d’améliorer l’offre de formation, la création de l’Ints apparaît comme un symbole fort de la nouvelle option du gouvernement de multiplier les angles d’attaques pour faire reculer la précarité et l’exclusion. Mais alors que l’on attend toujours le texte d’application du cadre juridique de création, de même que la nomination du Président du Conseil d’administration et du directeur général de cette nouvelle école, une descente sur le site de construction du campus de l’Ints au quartier Nyom II à Yaoundé offre le spectacle désolant d’un chantier à l’abandon, envahi par les broussailles.
Approchée, Hermine Eba Mbarga, l’ex directeur de l’Enaas, qui assure la permanence administrative dans les locaux de l’ancienne école située rue Ceper à Yaoundé, affirme qu’elle attend elle aussi que les choses bougent. Tout son personnel étant en congé technique de fait, depuis 6 ans.
Pour mémoire, en 1966, l’Ecole fédérale des éducateurs et assistants sociaux (Efeas) a été créée et inaugurée le 18 juin 1967 à Bétamba avec la mission principale d’assurer la formation professionnelle des éducateurs et Assistants sociaux spécialisés en matière de protection de l’enfance, de l’individu et de la famille et des préventions et traitements de l’inadaptation juvénile et sociale. 13 ans plus tard, le décret n°80/199 du 09 juin 1980 crée l’Ecole nationale des assistants des affaires sociales (Enaas) de Yaoundé.
L’Enaas a joué son rôle. L’école a formé des générations de professionnels du travail social (y compris de nombreux étrangers), qui, avec leur diplôme de sortie (diplôme d’état), ont pu être promus à des postes de responsabilité importants leur permettant d’apporter leur expertise dans le domaine de l’action sociale dans notre pays. Aujourd’hui, le contexte a évolué, l’appui aux personnes vulnérables commande que l’établissement dédié à la formation des professionnels du travail social soit investi d’une double mission de formation professionnelle initiale et supérieure en travail social afin de relever, mieux que par le passé , les nombreux défis d’un environnement en pleine mutation.
Mais en attendant, la formation est à l’arrêt total. Aucune institution, publique ou privée, ne formant les professionnels du Social. Pour combien de temps encore ? Wait and see.

Oumarou Papa

Aucun commentaire: