samedi 5 octobre 2013

CONFLITS FAMILIAUX

 Doigté et professionnalisme pour savoir les gérer

La résolution des conflits familiaux peut faire appel à des techniques innées propres à toute personne, mais aussi à l’expertise d’un médiateur, professionnel neutre.

La notion de famille varie énormément selon les sociétés Mais anthropologues, ethnologues, sociologues et historiens considèrent que les systèmes familiaux sont aussi divers et complexes que le sont les cultures du monde. Les ethnologues distinguent la famille nucléaire, formée par les époux et leurs enfants, et la famille élargie, ou étendue, qui groupe, parfois dans une même unité résidentielle, trois ou quatre générations. C’est cette acception qui est généralement considérée comme la règle en Afrique et au Cameroun en particulier. Toutefois, à moins de vivre sur une île déserte, il est pratiquement impossible de ne pas être confronté à un moment ou l'autre à un conflit. Ainsi, malgré l’amour que les membres d’une même famille éprouvent les uns pour les autres, les conflits font inévitablement partie de la vie, car nous avons tous des croyances, des besoins et des désirs différents. Que ce soit  avec le conjoint, les parents ou les enfants, divorce, garde d’enfants, pension alimentaire, succession… les situations de conflit ne manquent pas.
Bien qu’un conflit familial soit parfois épineux, l’aptitude à le résoudre de façon positive est essentielle non seulement à la santé émotionnelle de chacun, mais aussi au bien-être de la famille en tant que groupe. Selon la plupart des thérapeutes familiaux, la résolution d’un conflit se fonde en grande partie sur le respect mutuel et la volonté de chacun de trouver des solutions qui conviendront à tous. En faisant l’effort d’aller avec calme et maturité au fond du problème que représente un conflit familial, la communication et la coopération sont améliorées, la confiance et le soutien mutuel sont renforcés et, surtout, tout cela contribue à créer une dynamique familiale plus paisible.
Selon Jean-Pierre Makang, Inspecteur des Affaires Sociales et sous-directeur de la promotion des droits de la famille au Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, le schéma de la résolution d’un conflit familial fait appel aux étapes ci-après : « Analysez la situation. Les querelles suivent souvent un scénario similaire. Avez-vous le même genre de dispute tous les jours? Existe-t-il un moment de la journée où les discussions ont tendance à s’envenimer? À quel point vos désaccords sont-ils sérieux? Il se pourrait qu’un simple changement de routine ou le fait de prendre le temps de vérifier si les membres de la famille sont affamés, fatigués ou stressés après une journée au travail ou à l’école suffise à résoudre les disputes de moindre importance. Parlez-en. Avant d’aborder de front les membres de la famille, prenez le temps de réfléchir aux raisons pour lesquelles un certain problème vous préoccupe. Assurez-vous d’être en mesure de préciser la cause du conflit, selon vous. Pourquoi est-ce un problème? Qu’est-ce qui présente un problème – la situation elle-même ou vos sentiments à cet égard? N’espérez pas trouver une solution lorsque les esprits sont échauffés – prévoyez un moment où toutes les personnes en cause pourront se réunir afin de parler du problème dans le calme et de façon productive. Clarifiez le problème. Un moyen de gérer une impasse consiste à réunir les membres de la famille et à fournir à chacun l’occasion d’exprimer son opinion à l’égard de la nature du problème, y compris les répercussions et l’implication personnelles. Surveillez votre ton de voix et votre choix de mots. Si la discussion se dégrade, prenez une pause et reprenez la conversation lorsque chacun sera plus calme et plus ouvert. Si vous réussissez à demeurer dans le temps présent et si vous évitez de lancer des accusations ou de ressasser d’anciens problèmes, il vous sera plus facile de résoudre le conflit. Écoutez. Quelle que soit la cause du conflit, différents styles de gestion et de communication peuvent aussi contribuer à atténuer les difficultés. Pour résoudre un conflit, il est nécessaire que chacun ait l’impression d’avoir vraiment été écouté. Manifestez du respect et tentez de comprendre ce qui est dit. Évitez d’adopter une attitude défensive et d’interrompre la personne qui parle. Un parent ou un arbitre pourrait vouloir noter au fur et à mesure les points d’entente et de mésentente. Cherchez des solutions. Lorsque chacun aura exprimé son opinion à l’égard du problème faisant l’objet d’un conflit, conjuguez vos efforts et dressez une liste de toutes les solutions possibles et imaginables. Ne les analysez pas – contentez-vous de les noter. Ensuite, faites le tour et demandez à chacun d’identifier la meilleure solution selon lui et d’en expliquer les raisons. Ce processus permettra de réduire le nombre de possibilités et d’adopter une solution qui conviendra à tous. Obtenez l’engagement de chacun. Pour que la solution choisie soit efficace, les membres de la famille devront accepter de s’y conformer et faire en sorte qu’elle réussisse. Ils doivent s’entendre au sujet de leur responsabilité, des conséquences et des limites de leur démarche. Faites un dernier tour, demandez à chacun d’énoncer ce qu’il s’engage à faire, et assurez-vous que tous soient convaincus d’avoir été écoutés et qu’ils aient bien compris l’origine du conflit. Enfin, effectuez un suivi. Plus tard, il sera important de demander à chacun ce qu’il éprouve à l’égard des difficultés rencontrées. Les membres de la famille ont-ils l’impression que la solution est efficace? Il y a toujours moyen de la peaufiner. Le conflit fait-il toujours rage alors qu’il est impossible d’entrevoir une solution? Il est peut-être temps de demander du soutien à un médiateur ou à un autre professionnel. Parfois, l’opinion d’un tiers permet de voir la situation sous un angle différent. »

MEDIATION FAMILIALE
« Il peut être utile de recourir aux services d’un médiateur familial ». Reconnait, Chimène Ngono, Assistante sociale en service au Ministère des Affaires Sociales. Tiers impartial, indépendant et qualifié, il tentera de restaurer la communication et de trouver une solution amiable au conflit qui vous oppose. D’abord considérée comme un processus de gestion des conflits familiaux liés au divorce et à la séparation, la médiation familiale est aujourd’hui plus largement utilisée pour restaurer le dialogue au sein de la famille. La Médiation Familiale peut être définie comme un : « processus de construction ou de reconstruction du lien familial axé sur l’autonomie et la responsabilité dans lequel un tiers impartial, indépendant, qualifié et sans pouvoir de décision – le médiateur familial – favorise, à travers l’organisation d’entretiens confidentiels, leur communication, la gestion de leur conflit dans le domaine familial entendu dans sa diversité et dans son évolution ». 
Globalement, la médiation familiale peut concerner toute personne en situation de rupture des liens familiaux. Par exemple : les couples (mariés, ou concubins) en situation de rupture, qu’il s’agisse d’un divorce ou d’une séparation, les grands-parents souhaitant conserver des liens avec leurs petits enfants, les frères et sœurs qui doivent régler une succession conflictuelle, les jeunes adultes en conflit avec leurs parents.
En tant que modérateurs, les médiateurs familiaux proposent aux familles un espace et un temps d'accompagnement pour : favoriser une atmosphère positive de discussions, prendre de la distance par rapport à des événements familiaux, réfléchir ensemble à la construction de l'avenir, travailler à une meilleure communication familiale ou permettre la conclusion d'accords adaptés aux besoins de chacun. Une médiation peut être initiée à tout moment par un membre de la famille ou conseillée / ordonnée par un juge en cas de procédure judiciaire.
Elle se déroule dans un lieu neutre : maison de la médiation, espace famille, espace aménagé par un médiateur libéral… Au cours d'un 1er entretien d'information, sans engagement, le médiateur reçoit les différentes personnes concernées et leur expose les objectifs de la démarche. S'ils sont d'accord, ils se retrouvent pour une série d'entretiens qui peuvent s’étendre sur une période variant de quelques semaines à plusieurs mois.
L’enseignement de l’Eglise nous apprend que les divisions sont multiples et parfois les familles se trouvent dans des impasses. Le Bienheureux Jean Paul II rappelle dans sa lettre aux familles (familiaris consortio) que « La famille a pour mission de transmettre et révéler l’Amour ». Pour pouvoir faire un chemin de réconciliation il faut commencer par « dire » les blessures ! Il faut pouvoir mettre des mots sur ce qui a pu blesser car la peur de nommer les choses est un obstacle à la réconciliation.
Pour commencer dans l’humilité un processus de réconciliation et pour regarder l’autre en face sans haine et sans souffrir, il faut souvent du temps.
La réconciliation n’est pas d’abord notre affaire mais l’œuvre de Jésus-Christ. En voyant comment nous sommes divisés, éclatés dans nos familles, nous pourrions nous décourager !
Et parce que cette réconciliation n’est pas possible, Jésus est venu et l’a rendu possible ! Car ce n’est pas à notre mesure. Quand l’histoire nous divise, l’Esprit Saint, lui, veut nous unifier. Et Dieu fait alliance pour que nous retrouvions cette unité. Et l’Eglise répond avec le Concile (cf. Lumen Gentium n°9 à 20) : « L’Eglise est le Sacrement de l’unité de l’homme avec Dieu et des hommes entre eux. »

Mathieu Meyeme

EX-EMPLOYÉS DES SOCIÉTÉS D’ÉTAT



La mort au bout du tunnel

Attendu depuis 25 ans, le paiement des droits sociaux et de la prime de reconversion aux ex-employés des 48 sociétés d'état privatisées ou liquidées a entrainé la mort d’un sexagénaire le 17 septembre dernier à Yaoundé.

« Il est sorti hier pour venir toucher son argent (…) Il a reçu un choc et s’est retrouvé  à l’hôpital », raconte un jeune homme d’une vingtaine d’année, la mine défaite. Visiblement le fils du défunt. « Il était dans le coma. On lui a placé une perfusion. Le lendemain à 6h [le 17 septembre 2013, Ndlr], la maman nous a appelé pour nous annoncer qu’il est mort », poursuit le jeune homme, devenu conducteur de moto taxi, faute de moyens pour continuer ses études. Et d’ajouter, «S’il touchait son argent depuis cette situation n’allait  pas arriver ». Fabien Mitsi Selma, 65 ans, ex-employé de la Mission de développement des cultures vivrières (Mideviv), s’est écroulé devant l’immeuble de la Campost alors qu’il attendait de recevoir sa prime de reconversion instruite par le chef de l’Etat, paul Biya le 4 novembre 1988 avant de rendre l’âme quelques heures plus tard. Dans les minutes qui ont suivi ces instants tragiques, trois personnes dont Oumarou Maya Maya, autre personnel de la Mideviv se sont écroulés à leur tour et immédiatement transportés aux urgences de l’hôpital Central à Messa.
Au milieu de cette foule, certaines sources évoquent deux autres cas dont une dame décédée dans les mêmes conditions dans une agence d’une banque de la place. Un certain Mohammed serait actuellement hospitalisé après s’être écroulé alors que plus loin un homme visiblement affaibli et amaigri laisse entendre « Je suis diabétique. Je suis parti de Bafang en prêtant 5000 Fcfa qui n’ont suffit que pour mon transport. J’ai faim, j’ai soif et pourtant je n’ai même pas 50 Fcfa pour boire de l’eau ».
Cette marée humaine est constituée de plus de 1000 personnes, du troisième âge pour la plupart, hommes et femmes venant des dix régions du Cameroun pour recevoir les primes de reconversion instruite par le chef de l’Etat, le 4 novembre 1988. En attendant d’être payés, ces ex-employés dorment sur des morceaux de cartons à la belle étoile, se font asperger d’eau par la police anti-émeute. tandis que ceux qui finissent, par passer devant la caisse pour prendre le maigre pécule qui leur est réservé, doivent remplir un protocole transactionnel rédigé par le ministre des Finances, qui demande aux intéressées : «d’accepter de percevoir le montant correspondant à trois mois de salaire de base au titre de la prime de reconversion et pour solde de tout compte ». Ce document lie de manière individuelle, l’Etat du Cameroun à travers le ministère des Finances aux ex-employés. Son objet : « procéder au règlement à l’amiable et définitivement de la dette sociale, notamment la prime de reconversion due aux ex-employés des 48 sociétés d’Etat (art1) ». On peut- y lire que l’état s’engage « à payer à l’intéressé(e) un montant correspondant à trois mois de salaire de base au titre de la prime de reconversion et pour solde de tout compte». L’article 4 dudit contrat portant sur l’« autorité de la chose jugée du protocole » stipule que : « le présent protocole intervenu librement entre les parties, vaut transaction au sens de l’article 2052 du Code civil aux termes duquel les transactions ont, entre les parties, l’autorité de la chose jugée en dernier ressort. Elles ne peuvent être attaquées pour cause d’erreur de droit, ni pour cause de lésion. Il emporte renonciation à tous les droits, actions ou à quelques titres que ce soit entre les parties. A cet effet, toute revendication ultérieure, individuellement ou collectivement, à la perception intégrale du montant sus-indiqué expose l’intéressé(e) à des poursuites judiciaires ». Un ensemble de dispositions jugé injuste par un ex-employé qui a affirmé : « donc il nous vole et on ne peut même pas se plaindre ». Carte nationale d’identité, lettre de recrutement, lettre de licenciement pour motif économique, carnet de cotisation Cnps, dernier bulletin de solde, protocole d’accord, constituent la liste des pièces à fournir par les ex-employés pour s’identifier.

A L’EPREUVE DES FAITS
A titre de rappel, les paiements dont il s’agit ici datent de plus de 25 ans depuis les premières séries de privatisations à la fin des années 1980 et au début de la décennie suivante d'entreprises publiques et parapubliques par les autorités camerounaises en application de mesures d'ajustement structurel imposées par le Fonds monétaire international (Fmi). A l'instar de la plupart d'autres pays d'Afrique subsaharienne, le Cameroun s'était vu soumis à une rude cure d'austérité qui exigeait un dégraissage des effectifs des administrations publiques en vue d'une réduction des dépenses de l'Etat dans un contexte de grave crise économique mondiale qui avait entraîné une baisse des recettes d'exportation issues principalement de la commercialisation de matières premières agricoles et minières non transformées. Une cinquantaine de sociétés d'Etat de divers secteurs d'activités avait été touchée par cette mesure qui avait mis à la porte, selon plusieurs sources, entre 40.000 et 50.000 personnes désignées par le vocable de « déflatés ». Ce sont ainsi près de 48 sociétés d'Etat qui ont été privatisées ou fermées, à l'instar des entreprises Sotuc, Sodecao, Zapi, Cenedec, Matgenie, Sofibel, Onaref, Onadef, Celucam, Biao, etc.
Pour rassurer les « déflatés », le chef de l’Etat avait alors promis de leur payer une prime de reconversion le 4 novembre 1988. Mais las d’attendre, les ex employés se sont constitués en un collectif qui à l’approche des fêtes de fin d’année ou de la rentrée scolaire, a pris l’habitude de manifester publiquement à proximité du Ministère des finances muni de pancartes en carton sur lesquelles on peut lire « 20 ans de misère, trop c’est trop ; Nous voulons le paiement de nos droits… ». D’autant que, selon Louis Bahiya, ex-agent de la Société des transports urbains du Cameroun (Sotuc). «  Ces droits ont été calculés par un comité et approuvés par le ministère du Travail, puis transmis au cabinet du ministre des Finances depuis le 5 décembre 2007. Le Minfi nous a promis d’entrer en pourparler avec la hiérarchie pour qu’on nous paie. Depuis, nous attendons le feedback. Nous attendons que le Minfi nous oriente pour qu’on nous paie ». Un autre manifestant affirmait aussi en décembre 2007 que «  Le ministre des Finances nous a promis le 1er septembre que nous allions tous inscrire nos enfants à l’école. Nous sommes revenus le 5 novembre, il nous a montré le rapport que le comité a déposé. Les deux premiers délégués que nous avions ont disparu après avoir perçu leur perdiem. Après plusieurs faux rendez-vous, nous avons fait un fax au Minfi le 30 novembre. Il nous a invités à le rencontrer le 11 décembre ».
Parmi les droits sociaux réclamés par ces derniers, l’on distingue, les arriérés de salaire, la prime de reconversion, les frais de congés, de déplacement définitif, etc.
Alors qu’en date du 18 septembre dernier, une coalition des associations camerounaises de la diaspora a rendu publique une lettre où elle demande que « toute la lumière soit faite sur la mort de l’ex employé », le Ministre des Finances, absent de Yaoundé au moment des faits, était face à la presse le lendemain pour lever les points d'ombre concernant cette opération. L'une des principales informations qu'il faut retenir de la communication faite par Alamine Ousmane Mey Alamine est que la deuxième tranche du paiement de la prime de reconversion des ex-employés des sociétés d'Etat se fera, dès le mois prochain, dans les régions de résidence des concernés ou de leurs ayant-droits. «Nous avons pris cette mesure afin de faciliter la tâche à ces personnes qui attendent depuis des années», a-t-il affirmé. En attendant, les ex employés continuent d’espérer en des lendemains qui chantent, afin que Fabien Mitsi Selma ne soit pas mort pour rien.

Mathieu Meyeme

PRISE EN CHARGE DES REFUGIES AU CAMEROUN


Moyens insuffisants malgré la bonne volonté

Le constat a été fait par la représentation locale du Haut-commissariat aux réfugiés (Hcr) au Cameroun

Selon Ndeye Ndour, le Cameroun accueille actuellement plus de 100 000 réfugiés constitués essentiellement des ressortissants des pays voisins qui fuient la guerre civile et des atrocités de toutes sortes dans leurs pays. Avec des événements politiques marqués par le coup d’Etat survenu il y a six mois en Centrafrique, la représentante du Hcr au Cameroun, a indiqué que la Rca compte à elle seule, plus  de 50 000 réfugiés qui vivent essentiellement dans la région de l’Est, frontalière de leur pays d’origine. Des réfugiés pris en charge par le gouvernement camerounais et le Hcr avec l’appui de certains organismes humanitaires, aussi bien ceux qui vivent dans les camps aménagés, que de milliers d’autres qui vivent dans plus de deux cent villages dans cette région. En plus des Centrafricains, les Nigérians constituent également une importante communauté de réfugiés vivant au Cameroun, ces derniers qui fuient les exactions de la secte Boko Haram sont surtout installés dans la partie septentrionale du Cameroun, notamment dans la région de l’Extrême-nord où ils sont environ 9000 réfugiés. Pour le reste, les Tchadiens, les Rwandais et les Congolais de la République démocratique constituent également des groupes de réfugiés importants, ceux-ci étant disséminés à travers le territoire national.
La situation en République Centrafricaine a été jugée « préoccupante » par les responsables du Hcr. Le gouverneur de la région de l’Est Dieudonné Ivaha Diboua qui vient d’effectuer une descente sur le terrain, a précisé que pour des raisons d’efficacité et de sécurité, plusieurs sites ont été aménagés pour accueillir les réfugiés. Toutefois, a-t-il reconnu qu’il est difficile d’assurer une prise en charge appropriée à tous, d’autant que « les réfugiés continuent d’affluer vers le Cameroun », malgré des appels au calme et à la paix des nouvelles autorités au pouvoir à Bangui.

Mais fidèle à sa mission d’encadrement des réfugiés, le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (Hcr) vient de construire des salles de classes afin de permettre la scolarisation des enfants réfugiés centrafricains. Selon le Hcr ces salles de classes ont été construites a proximité des écoles des localités de Garoua Boulai et Ngoura, deux arrondissements de la Région de l’Est où l’on compte les camps les plus importants de réfugiés centrafricains. Un coup de pouce qui s’étendra aussi aux autres réfugiés, assure Ndeye Ndour.

REFUGIES NIGERIANS
Car depuis quelques mois l’arrondissement de Kolofata est, lui aussi, submergé par un flux de réfugiés nigérians qui ont fui leur pays à la suite de l’offensive de l’armée nigériane contre la secte islamiste Boko Haram. Selon le chiffre communiqué par le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, plus de 20 000 réfugiés sont arrivés essentiellement en provenance de Bama, localité nigériane frontalière du Cameroun. Pour l’instant, ils sont hébergés dans des écoles et des domiciles privés dans deux localités de l’arrondissement : Amchidé et Kolofata centre. Le gouverneur est descendu à Kolofata et à Amchidé le 28 août 2013. Augustine Awa Fonka a constaté que le nombre de réfugiés croît de jour en jour. D’où son inquiétude face aux menaces que représente une telle situation. « Tous ces gens qui se considèrent comme des refugiés doivent se plier aux lois de la République pour être pris en compte par le Hcr » Et d’ajouter, «Nous ne laisserons pas des personnes non identifiées entrer au Cameroun parce que leur présence clandestine peut augmenter l’insécurité. Nous voulons préserver la bonne relation qui existe entre le Cameroun et le Nigeria. Il ne faut donc pas que des refugiés inconnus créent des incidents diplomatiques entre les deux pays», précise Augustine Awa Fonka.
Selon les statistiques rendues disponibles par Mamady Fatta Kourouma, chef de la sous-délégation Unhcr, 105 000 réfugiés nigérians sont présents au Cameroun. À l’Extrême-Nord, ceux qui ont été enregistrés par le Hcr sont au nombre de 8125 dont 4816 dans le département du Mayo- Sava, 3323 dans le département du Mayo-Tsanaga et 600 dans le département du Logone et Chari. Sur le site de Minawaou, le gouvernement a déjà construit des forages. Les constructions d’un centre de santé, d’un marché et d’une école ont déjà été programmées. Toutefois, les bonnes intentions du Hcr et du gouvernement camerounais sont limitées sur le terrain par de nombreuses difficultés. En effet, dans le cadre de la réorientation de la stratégie d'assistance alimentaire du Programme alimentaire mondial (Pam), les distributions générales de vivres ont été remplacées par une aide ciblée, qui a bénéficié à 26 000 réfugiés en 2011. En raison de contraintes financières, cette aide a encore été réduite de 50% en 2012 et un nombre considérable de réfugiés sont aujourd’hui (en 2013), exposés à l'insécurité alimentaire si des fonds ne sont pas débloqués pour assurer la prise en charge de ces besoins.
Au nombre de ces contraintes, le personnel du Hcr et ses partenaires d'exécution ont des difficultés à accéder aux réfugiés en raison de problèmes logistiques. C'est le cas en particulier dans les régions de l'Est et de l'Adamaoua, où les réfugiés centrafricains sont dispersés dans plus de 300 zones d'installation, réparties sur un territoire de plus de 50 000 kilomètres carrés. De surcroît, ces réfugiés mènent une existence nomade, de sorte qu'il est difficile de leur apporter une aide et de leur distribuer des documents.
A titre de rappel, le Cameroun est signataire de la Convention de 1951 sur les réfugiés et de son Protocole de 1967, ainsi que de la Convention adoptée par l'OUA en 1969. Au niveau national, la loi définissant le cadre juridique de protection des réfugiés a été adoptée en 2005. Le décret d'application de la loi de 2005 a été signé en novembre 2011, à la suite de quoi les Commissions d'éligibilité et des recours ont été créées en juillet 2012.
Mathieu Meyeme


PERSONNES ÂGÉES

L’Église exalte les vertus du Troisième âge

C’était à l’occasion de la célébration de la journée internationale des personnes âgées, alors qu’au plan national aucune cérémonie officielle n’a eu lieu.

Afin de montrer son implication à la célébration de la Journée 2013, consacrée aux personnes du troisième âge qui a été célébrée le 1er octobre dernier sur le thème « L’avenir que nous voulons : ce que disent les personnes âgées », le Président du Conseil pontifical pour la pastorale de la santé a diffusé un message sur la valeur de la vie des personnes âgées: Les chrétiens et toutes les personnes de bonne volonté, écrit Mgr.Zygmunt Zimowski, « sont appelées à agir pour une société plus juste, qui prenne notamment en compte l'apport actif des personnes susceptibles d'être considérées comme inutiles. Loin d'être des poids pour la société, les personnes âgées doivent lui apporter expérience et sagesse... Dans nombre de pays développés, la personne âgée demeure acteur de la vie sociale, alors même qu'on s'adapte au prolongement de la vie, résultant de multiples facteurs notamment les progrès de la médecine. Mais prolongement ne doit pas devenir survivance. Il faut donc valoriser la vieillesse à partir de ses caractéristiques et des spécificités des personnes âgées ».
L’Eglise catholique, par la voix du plénipotentiaire de la curie romaine affirme qu’il faut donc favoriser la culture de l'unité inter-générationnelle, car la personne âgée doit avant tout être objet d'attention caritative mais lui même également agent de cette pastorale. Mgr.Zimowski a insisté sur le fait que l'assistance religieuse au troisième âge doit impliquer l'ensemble de la communauté ecclésiale. Dans ce sens, le Conseil pontifical organise du 21 au 23 novembre une conférence internationale dont le thème est: « L'Eglise au service de la personne âgée malade, l'assistance aux personnes affectées par des maladies dégénératives ». Dans la vision chrétienne, la vieillesse n'est pas la décadence de la vie mais son accomplissement, la synthèse du vécu et de l'expérience, de tout ce qui a été affronté au long de l'existence. Pourtant, à l’échelle du gouvernement de notre pays, seules quelques actions isolées ont été signalées ce jour-là tandis qu’aucune célébration officielle n’a été organisée au ministère des Affaires Sociales.

IGNOREES PAR LES AUTORITES GOUVERNEMENTALES
Un communiqué diffusé en boucle dans le journal en continu de la Crtv indique que, la célébration de la Journée internationale 2013 des personnes âgées sera célébrée le …08 octobre prochain à Yaoundé. Cette date, non officielle, retenue par Catherine Bakang Mbock, le ministre des Affaires Sociales pour célébrer la seule journée consacrée aux personnes âgées a été considérée par Auguste Mindzié Mbarga, président de l’association des personnes âgées du Cameroun, comme une violence morale. « Par sa résolution 45/106 du 14 décembre 1990, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 1er octobre Journée internationale des personnes âgées. », rappelle le sexagénaire. 
A Douala pourtant, la 23e édition de la Journée internationale des personnes âgées a réuni une centaine de seniors le 1er octobre autour de Joseph Elongo, leur porte-parole qui a affirmé qu’il s’agissait pour eux, d’informer le gouvernement sur la nécessité de reconnaître l’importance des personnes âgées dans la société. Et surtout leurs besoins. Ils en ont donc profité pour faire un plaidoyer en direction des pouvoirs publics, pour la protection des personnes âgées, le renforcement des structures de cette tranche de personnes, l’institution d’une assurance-maladie, la mise sur pied des guichets pour le règlement de factures...
Le président de la Fondation camerounaise de gérontologie (Focage) a également reconnu que les choses ont évolué depuis quelques années. Hubert Ndzana Alima a notamment évoqué la multiplication des associations et autres structures de seniors. Leurs autres attentes, c’est la vulgarisation de toutes les informations consistant à respecter les règles d’hygiène, la considération pour les personnes âgées et surtout la lutte contre la détresse  que vivent les seniors. « Il est aussi souhaitable d’assurer la formation en gérontologie des aidants sociaux afin qu’ils puissent mieux assurer l’accompagnement des personnes âgées en détresse », a-t-il ajouté.
Remise de dons aux personnes âgées par l'apav
Une autre initiative louable est venue des membres de l’ association d’appui aux personnes âgées et Vulnérables (Apav) qui, le jour de la célébration, se sont rendus à Béthanie Viacam, une institution d’encadrement des personnes âgées basée à Yaoundé pour offrir des dons composés de  sacs de riz, carton de savons, produit alimentaires, baumes, médicaments, vêtements, vivres frais…au grand plaisir de ces personnes du 3ème et du 4ème âge. Un acte qui a été complété par une causerie éducative autour du thème: « Valorisons l’opinion des personnes âgées »
Pour mémoire, le thème de la 23ème Journée, « L’avenir que nous voulons : ce que disent les personnes âgées », a été choisi afin d’attirer l’attention sur les efforts des personnes âgées, des organisations de la société civile, des Nations Unies et des États Membres pour inscrire la question du vieillissement sur l’agenda du développement international.

Mathieu Meyeme