samedi 5 octobre 2013

CONFLITS FAMILIAUX

 Doigté et professionnalisme pour savoir les gérer

La résolution des conflits familiaux peut faire appel à des techniques innées propres à toute personne, mais aussi à l’expertise d’un médiateur, professionnel neutre.

La notion de famille varie énormément selon les sociétés Mais anthropologues, ethnologues, sociologues et historiens considèrent que les systèmes familiaux sont aussi divers et complexes que le sont les cultures du monde. Les ethnologues distinguent la famille nucléaire, formée par les époux et leurs enfants, et la famille élargie, ou étendue, qui groupe, parfois dans une même unité résidentielle, trois ou quatre générations. C’est cette acception qui est généralement considérée comme la règle en Afrique et au Cameroun en particulier. Toutefois, à moins de vivre sur une île déserte, il est pratiquement impossible de ne pas être confronté à un moment ou l'autre à un conflit. Ainsi, malgré l’amour que les membres d’une même famille éprouvent les uns pour les autres, les conflits font inévitablement partie de la vie, car nous avons tous des croyances, des besoins et des désirs différents. Que ce soit  avec le conjoint, les parents ou les enfants, divorce, garde d’enfants, pension alimentaire, succession… les situations de conflit ne manquent pas.
Bien qu’un conflit familial soit parfois épineux, l’aptitude à le résoudre de façon positive est essentielle non seulement à la santé émotionnelle de chacun, mais aussi au bien-être de la famille en tant que groupe. Selon la plupart des thérapeutes familiaux, la résolution d’un conflit se fonde en grande partie sur le respect mutuel et la volonté de chacun de trouver des solutions qui conviendront à tous. En faisant l’effort d’aller avec calme et maturité au fond du problème que représente un conflit familial, la communication et la coopération sont améliorées, la confiance et le soutien mutuel sont renforcés et, surtout, tout cela contribue à créer une dynamique familiale plus paisible.
Selon Jean-Pierre Makang, Inspecteur des Affaires Sociales et sous-directeur de la promotion des droits de la famille au Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, le schéma de la résolution d’un conflit familial fait appel aux étapes ci-après : « Analysez la situation. Les querelles suivent souvent un scénario similaire. Avez-vous le même genre de dispute tous les jours? Existe-t-il un moment de la journée où les discussions ont tendance à s’envenimer? À quel point vos désaccords sont-ils sérieux? Il se pourrait qu’un simple changement de routine ou le fait de prendre le temps de vérifier si les membres de la famille sont affamés, fatigués ou stressés après une journée au travail ou à l’école suffise à résoudre les disputes de moindre importance. Parlez-en. Avant d’aborder de front les membres de la famille, prenez le temps de réfléchir aux raisons pour lesquelles un certain problème vous préoccupe. Assurez-vous d’être en mesure de préciser la cause du conflit, selon vous. Pourquoi est-ce un problème? Qu’est-ce qui présente un problème – la situation elle-même ou vos sentiments à cet égard? N’espérez pas trouver une solution lorsque les esprits sont échauffés – prévoyez un moment où toutes les personnes en cause pourront se réunir afin de parler du problème dans le calme et de façon productive. Clarifiez le problème. Un moyen de gérer une impasse consiste à réunir les membres de la famille et à fournir à chacun l’occasion d’exprimer son opinion à l’égard de la nature du problème, y compris les répercussions et l’implication personnelles. Surveillez votre ton de voix et votre choix de mots. Si la discussion se dégrade, prenez une pause et reprenez la conversation lorsque chacun sera plus calme et plus ouvert. Si vous réussissez à demeurer dans le temps présent et si vous évitez de lancer des accusations ou de ressasser d’anciens problèmes, il vous sera plus facile de résoudre le conflit. Écoutez. Quelle que soit la cause du conflit, différents styles de gestion et de communication peuvent aussi contribuer à atténuer les difficultés. Pour résoudre un conflit, il est nécessaire que chacun ait l’impression d’avoir vraiment été écouté. Manifestez du respect et tentez de comprendre ce qui est dit. Évitez d’adopter une attitude défensive et d’interrompre la personne qui parle. Un parent ou un arbitre pourrait vouloir noter au fur et à mesure les points d’entente et de mésentente. Cherchez des solutions. Lorsque chacun aura exprimé son opinion à l’égard du problème faisant l’objet d’un conflit, conjuguez vos efforts et dressez une liste de toutes les solutions possibles et imaginables. Ne les analysez pas – contentez-vous de les noter. Ensuite, faites le tour et demandez à chacun d’identifier la meilleure solution selon lui et d’en expliquer les raisons. Ce processus permettra de réduire le nombre de possibilités et d’adopter une solution qui conviendra à tous. Obtenez l’engagement de chacun. Pour que la solution choisie soit efficace, les membres de la famille devront accepter de s’y conformer et faire en sorte qu’elle réussisse. Ils doivent s’entendre au sujet de leur responsabilité, des conséquences et des limites de leur démarche. Faites un dernier tour, demandez à chacun d’énoncer ce qu’il s’engage à faire, et assurez-vous que tous soient convaincus d’avoir été écoutés et qu’ils aient bien compris l’origine du conflit. Enfin, effectuez un suivi. Plus tard, il sera important de demander à chacun ce qu’il éprouve à l’égard des difficultés rencontrées. Les membres de la famille ont-ils l’impression que la solution est efficace? Il y a toujours moyen de la peaufiner. Le conflit fait-il toujours rage alors qu’il est impossible d’entrevoir une solution? Il est peut-être temps de demander du soutien à un médiateur ou à un autre professionnel. Parfois, l’opinion d’un tiers permet de voir la situation sous un angle différent. »

MEDIATION FAMILIALE
« Il peut être utile de recourir aux services d’un médiateur familial ». Reconnait, Chimène Ngono, Assistante sociale en service au Ministère des Affaires Sociales. Tiers impartial, indépendant et qualifié, il tentera de restaurer la communication et de trouver une solution amiable au conflit qui vous oppose. D’abord considérée comme un processus de gestion des conflits familiaux liés au divorce et à la séparation, la médiation familiale est aujourd’hui plus largement utilisée pour restaurer le dialogue au sein de la famille. La Médiation Familiale peut être définie comme un : « processus de construction ou de reconstruction du lien familial axé sur l’autonomie et la responsabilité dans lequel un tiers impartial, indépendant, qualifié et sans pouvoir de décision – le médiateur familial – favorise, à travers l’organisation d’entretiens confidentiels, leur communication, la gestion de leur conflit dans le domaine familial entendu dans sa diversité et dans son évolution ». 
Globalement, la médiation familiale peut concerner toute personne en situation de rupture des liens familiaux. Par exemple : les couples (mariés, ou concubins) en situation de rupture, qu’il s’agisse d’un divorce ou d’une séparation, les grands-parents souhaitant conserver des liens avec leurs petits enfants, les frères et sœurs qui doivent régler une succession conflictuelle, les jeunes adultes en conflit avec leurs parents.
En tant que modérateurs, les médiateurs familiaux proposent aux familles un espace et un temps d'accompagnement pour : favoriser une atmosphère positive de discussions, prendre de la distance par rapport à des événements familiaux, réfléchir ensemble à la construction de l'avenir, travailler à une meilleure communication familiale ou permettre la conclusion d'accords adaptés aux besoins de chacun. Une médiation peut être initiée à tout moment par un membre de la famille ou conseillée / ordonnée par un juge en cas de procédure judiciaire.
Elle se déroule dans un lieu neutre : maison de la médiation, espace famille, espace aménagé par un médiateur libéral… Au cours d'un 1er entretien d'information, sans engagement, le médiateur reçoit les différentes personnes concernées et leur expose les objectifs de la démarche. S'ils sont d'accord, ils se retrouvent pour une série d'entretiens qui peuvent s’étendre sur une période variant de quelques semaines à plusieurs mois.
L’enseignement de l’Eglise nous apprend que les divisions sont multiples et parfois les familles se trouvent dans des impasses. Le Bienheureux Jean Paul II rappelle dans sa lettre aux familles (familiaris consortio) que « La famille a pour mission de transmettre et révéler l’Amour ». Pour pouvoir faire un chemin de réconciliation il faut commencer par « dire » les blessures ! Il faut pouvoir mettre des mots sur ce qui a pu blesser car la peur de nommer les choses est un obstacle à la réconciliation.
Pour commencer dans l’humilité un processus de réconciliation et pour regarder l’autre en face sans haine et sans souffrir, il faut souvent du temps.
La réconciliation n’est pas d’abord notre affaire mais l’œuvre de Jésus-Christ. En voyant comment nous sommes divisés, éclatés dans nos familles, nous pourrions nous décourager !
Et parce que cette réconciliation n’est pas possible, Jésus est venu et l’a rendu possible ! Car ce n’est pas à notre mesure. Quand l’histoire nous divise, l’Esprit Saint, lui, veut nous unifier. Et Dieu fait alliance pour que nous retrouvions cette unité. Et l’Eglise répond avec le Concile (cf. Lumen Gentium n°9 à 20) : « L’Eglise est le Sacrement de l’unité de l’homme avec Dieu et des hommes entre eux. »

Mathieu Meyeme

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