dimanche 13 janvier 2013

Interview à Libreville de la Présidente de la Cour Constitutionnelle du Gabon



MARIE MADELEINE MBORANTSUO

« L’urgence pour nous est de voir la biométrie être appliquée »

En marge des travaux de célébration du 20ème anniversaire de l’institution dont elle a la charge, la Présidente de la Cour constitutionnelle du Gabon revient sur les faits d’arme et les défis futurs qui interpellent la haute juridiction.

L’institution dont vous avez la charge célèbre ses 20 ans d’existence ce jour. Sous quel angle placez-vous cet anniversaire ?
Marie Madeleine Mborantsuo
Pour les membres de la Cour constitutionnelle, ce sont des journées mémorables. Vingt ans est un âge intermédiaire entre le statut de d’enfant et celui de jeune mature. En tat que présidente de cette institution depuis sa création, je ne peux qu’être fière de ce que j’ai essayé de lui apporter. C’est  donc dans un esprit de joie que j’entreprends cette démarche qui consiste à rendre un hommage mérité aux pionniers de la justice gabonaise et aux hommes et femmes qui ont donné leur savoir-faire pour que cette juridiction vive réellement.

Quel bilan pouvez-vous faire, vingt ans après ?
Il y’a beaucoup à retenir sur les 20 années d’existence de la Cour constitutionnelle du Gabon. Elle a non seulement accompagné notre pays (le Gabon) dans le chemin, très difficile, de la réinstauration du multipartisme, mais aussi assuré son rôle d’arbitrage du jeu démocratique tout en veillant au fonctionnement régulier des autres institutions créées par les lois. Elle a permis de réguler les pouvoirs publics en veillant à ce que le principe de la séparation des pouvoirs soit respecté. Elle a eu à vérifier les textes réglementant le fonctionnement des autres institutions républicaines et à vérifier la conformité à la loi fondamentale, aux règlements des autres institutions de la république telles que le Sénat, l’Assemblée nationale, le Conseil national de la Communication et le Conseil économique et social. Les traités et accords internationaux n’ont pas échappé au contrôle de la Cour constitutionnelle. Dans le domaine du fonctionnement régulier des institutions de la République, la Cour constitutionnelle  a eu à gérer non seulement certaines transitions au niveau supérieur à la Présidence de la République, mais également au niveau du Parlement, des conseils départementaux et municipaux. Elle est devenue incontournable au fil des ans, au point d’être l’arbitre lors des contentieux électoraux opposant les acteurs politiques de la majorité et de l’opposition.

Quelles sont les perspectives de l’institution que vous présidez ?
Les perspectives c’est de voir concrétiser dans les tous prochains jours la biométrie dans l’élaboration du fichier électoral parce que cette question relative à l’organisation des élections transparentes dans notre pays est toujours d’actualité. Et nous pensons que la mise en œuvre de la biométrie viendrait peut-être réduire le nombre de contestations qui naissent souvent à la suite des consultations électorales. L’urgence pour nous est de voir la biométrie être appliquée. Ensuite nous souhaitons aussi que le constituant puisse un jour revenir sur les modalités de désignation des membres de la Cour constitutionnelle afin de permettre une continuité de l’esprit de l’institution en faisant en sorte que les 9 membres ne soient pas tous nommés le même jour. Un autre souhait, c’est de voir mes compatriotes qui s’engagent en politique prendre le temps d’intégrer en eux les dispositions législatives qui régissent le fonctionnement des institutions de la République, l’exercice de la souveraineté nationale, l’organisation des élections. A ce niveau précis on a l’impression qu’en dehors du fait qu’ils sachent aller déposer leurs candidatures à la Commission électorale nationale autonome et permanente, le reste est ignoré par un grand nombre.

Quels sont les faits dont votre institution peut être fière au-delà du Gabon ?      
Mathieu Meyeme, détente en bordure de mer
La création de l’association des cours constitutionnelles ayant en partage la langue française est une idée de la haute juridiction gabonaise. C’est aussi le Gabon qui, à l’occasion d’une visite du Président du Conseil constitutionnel français Roland Dumas, suggérera la création de cette instance internationale au sein de laquelle les juridictions constitutionnelles allaient échanger, partager leurs expériences, essayer d’encadrer les jeunes juges. Sur le plan international et dans plusieurs pays, quand il y a des élections, la Francophonie nous saisit pour nous demander de dépêcher des délégués pour aller, ,on seulement encadrer les autres juges sur place, mais également s’assurer du bon déroulement des élections.

Entretien à Libreville avec Mathieu Meyeme

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