Moyens insuffisants malgré la bonne volonté
Le constat a été fait par la représentation locale du
Haut-commissariat aux réfugiés (Hcr) au Cameroun
Selon Ndeye
Ndour, le Cameroun accueille actuellement plus de 100 000 réfugiés constitués
essentiellement des ressortissants des pays voisins qui fuient la guerre civile
et des atrocités de toutes sortes dans leurs pays. Avec des événements
politiques marqués par le coup d’Etat survenu il y a six mois en Centrafrique,
la représentante du Hcr au Cameroun, a indiqué que la Rca compte à elle seule,
plus de 50 000 réfugiés qui vivent
essentiellement dans la région de l’Est, frontalière de leur pays d’origine.
Des réfugiés pris en charge par le gouvernement camerounais et le Hcr avec
l’appui de certains organismes humanitaires, aussi bien ceux qui vivent dans
les camps aménagés, que de milliers d’autres qui vivent dans plus de deux cent
villages dans cette région. En plus des Centrafricains, les Nigérians
constituent également une importante communauté de réfugiés vivant au Cameroun,
ces derniers qui fuient les exactions de la secte Boko Haram sont surtout
installés dans la partie septentrionale du Cameroun, notamment dans la région
de l’Extrême-nord où ils sont environ 9000 réfugiés. Pour le reste, les
Tchadiens, les Rwandais et les Congolais de la République démocratique
constituent également des groupes de réfugiés importants, ceux-ci étant
disséminés à travers le territoire national.
La situation en
République Centrafricaine a été jugée « préoccupante »
par les responsables du Hcr. Le gouverneur de la région de l’Est Dieudonné Ivaha
Diboua qui vient d’effectuer une descente sur le terrain, a précisé que pour
des raisons d’efficacité et de sécurité, plusieurs sites ont été aménagés pour
accueillir les réfugiés. Toutefois, a-t-il reconnu qu’il est difficile
d’assurer une prise en charge appropriée à tous, d’autant que « les réfugiés continuent d’affluer vers le
Cameroun », malgré des appels au calme et à la paix des nouvelles autorités
au pouvoir à Bangui.
Mais fidèle à sa mission
d’encadrement des réfugiés, le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés
(Hcr) vient de construire des salles de classes afin de permettre la
scolarisation des enfants réfugiés centrafricains. Selon le Hcr ces salles de classes
ont été construites a proximité des écoles des localités de Garoua Boulai et
Ngoura, deux arrondissements de la Région de l’Est où l’on compte les camps les
plus importants de réfugiés centrafricains. Un coup de pouce qui s’étendra
aussi aux autres réfugiés, assure Ndeye Ndour.
REFUGIES NIGERIANS
Car depuis quelques mois l’arrondissement de Kolofata
est, lui aussi, submergé par un flux de réfugiés nigérians qui ont fui leur
pays à la suite de l’offensive de l’armée nigériane contre la secte islamiste
Boko Haram. Selon le chiffre communiqué par le gouverneur de la région de
l’Extrême-Nord, plus de 20 000 réfugiés sont arrivés essentiellement en
provenance de Bama, localité nigériane frontalière du Cameroun. Pour l’instant,
ils sont hébergés dans des écoles et des domiciles privés dans deux localités
de l’arrondissement : Amchidé et Kolofata centre. Le gouverneur est descendu à
Kolofata et à Amchidé le 28 août 2013. Augustine Awa Fonka a constaté que le
nombre de réfugiés croît de jour en jour. D’où son inquiétude face aux menaces
que représente une telle situation. « Tous
ces gens qui se considèrent comme des refugiés doivent se plier aux lois de la
République pour être pris en compte par le Hcr » Et d’ajouter, «Nous ne laisserons pas des personnes non
identifiées entrer au Cameroun parce que leur présence clandestine peut
augmenter l’insécurité. Nous voulons préserver la bonne relation qui existe
entre le Cameroun et le Nigeria. Il ne faut donc pas que des refugiés inconnus créent
des incidents diplomatiques entre les deux pays», précise Augustine Awa
Fonka.
Selon les statistiques rendues disponibles par Mamady
Fatta Kourouma, chef de la sous-délégation Unhcr, 105 000 réfugiés nigérians
sont présents au Cameroun. À l’Extrême-Nord, ceux qui ont été enregistrés par
le Hcr sont au nombre de 8125 dont 4816 dans le département du Mayo- Sava, 3323
dans le département du Mayo-Tsanaga et 600 dans le département du Logone et
Chari. Sur le site de Minawaou, le gouvernement a déjà construit des forages.
Les constructions d’un centre de santé, d’un marché et d’une école ont déjà été
programmées. Toutefois, les bonnes intentions du Hcr et du gouvernement
camerounais sont limitées sur le terrain par de nombreuses difficultés. En effet, dans
le cadre de la réorientation de la stratégie d'assistance alimentaire du Programme
alimentaire mondial (Pam), les distributions générales de vivres ont été
remplacées par une aide ciblée, qui a bénéficié à 26 000 réfugiés en 2011.
En raison de contraintes financières, cette aide a encore été réduite de 50% en
2012 et un nombre considérable de réfugiés sont aujourd’hui (en 2013), exposés
à l'insécurité alimentaire si des fonds ne sont pas débloqués pour assurer la
prise en charge de ces besoins.
Au nombre de ces contraintes, le
personnel du Hcr et ses partenaires d'exécution ont des difficultés à accéder
aux réfugiés en raison de problèmes logistiques. C'est le cas en particulier
dans les régions de l'Est et de l'Adamaoua, où les réfugiés centrafricains sont
dispersés dans plus de 300 zones d'installation, réparties sur un territoire de
plus de 50 000 kilomètres carrés. De surcroît, ces réfugiés mènent une
existence nomade, de sorte qu'il est difficile de leur apporter une aide et de
leur distribuer des documents.
A titre de rappel, le Cameroun est
signataire de la Convention de 1951 sur les réfugiés et de son Protocole de
1967, ainsi que de la Convention adoptée par l'OUA en 1969. Au niveau national,
la loi définissant le cadre juridique de protection des réfugiés a été adoptée
en 2005. Le décret d'application de la loi de 2005 a été signé en novembre
2011, à la suite de quoi les Commissions d'éligibilité et des recours ont été
créées en juillet 2012.
Mathieu Meyeme
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire